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Les télécoms, une des clefs du succès de l’IA?

Le secteur des télécommunications arrive à un point d’inflexion face aux investissements nécessaires au déploiement de la 5G et de la fibre.

Champions de la connectivité pendant la bulle Internet des années 2000, les télécoms sont aujourd’hui reléguées au second plan alors même qu’elles portent une part essentielle de l’infrastructure nécessaire à l’essor de l’IA. Sans réseaux ultra-rapides, sans latence minimale et sans infrastructures à la périphérie du réseau, l’IA ne fonctionnerait tout simplement pas.


Les télécoms, maillon invisible mais indispensable de l’IA


  1. Le transport massif de données (fibre optique et 5G)
    L’IA générative et l’apprentissage automatique reposent sur des échanges constants de pétabits de données entre utilisateurs finaux et centres de données. Seuls les réseaux «Fiber-to-the-home» (FTTH) et la 5G (puis la 6G) des télécoms sont capables de fournir cette capacité et cette fiabilité à grande échelle.
  2. Le nerf de la guerre: la latence
    Pour que les applications d’IA critiques (voitures autonomes, chirurgie à distance, usines intelligentes) fonctionnent, la latence doit être quasi nulle. Le Edge Computing, qui consiste à déplacer les capacités de calcul plus près de l’utilisateur final, repose entièrement sur l’infrastructure 5G et les mini-data centers des télécoms.
  3. L’alimentation des data centers
    Les hyperscalers (Amazon, Microsoft, Google) s’appuient sur les réseaux fibre et les infrastructures des opérateurs pour déployer les centres de données qui entraînent les modèles d’IA.

Si l’IA nécessite data centers et énergie, elle doit également livrer ses services via des technologies de télécommunication toujours plus performantes. Les télécoms sont en amont de l’infrastructure IA; elles en sont les «tuyaux». Pourtant la valeur de l’IA se concentre plus en aval via l’infrastructure de calcul (les puces de Nvidia et AMD), ou les services cloud des hyperscalers (Microsoft Azure, AWS, Google Cloud).

Un modèle économique sous pression

Les consommateurs européens bénéficient de forfaits parmi les moins chers au monde. Mais les investissements nécessaires au déploiement de la fibre et de la 5G pèsent lourdement sur la rentabilité des opérateurs hôtes (MNO). Leur capacité d’investissement et leur flux de trésorerie (FCF) en pâtissent.

La principale différence entre opérateurs télécoms réside dans la stratégie d’investissement et de désinvestissement. Les MNO doivent gérer le double fardeau de financer la fibre (FTTH) pour l’infrastructure fixe et financer la 5G (Mobile). Leur succès repose essentiellement sur leur capacité à externaliser ou vendre leur infrastructure pour réduire la dette et alléger le bilan. Orange a récemment cédé sa participation dans sa Tower company pendant que Telecom Italia vendait sa NetCo.

Les opérateurs virtuels ou communément appelés «MVNOs» comme Freenet n’ont pratiquement aucun coût de déploiement d’infrastructure. Ils louent les réseaux et génèrent un FCF élevé qui peut être reversé aux actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions.

Contrairement aux Etats-Unis, le marché européen reste très fragmenté, plus compétitif et donc moins rentable. La régulation télécom est nationale, empêchant la création de véritables champions paneuropéens capables de réaliser des économies d’échelle. Orange doit investir dans des réseaux distincts et obtenir des licences dans chaque pays où il opère, là où un opérateur américain peut mutualiser ses coûts sur un marché unique de plus de 270 millions de consommateurs.

Pour briser ce cercle vicieux, les opérateurs européens espèrent une action publique sur deux leviers:

  • la consolidation, récompensée par les marchés (fusion Orange/MásMóvil),
  • le coût du spectre, souvent vendu aux enchères au plus offrant.

Des licences moins coûteuses, ou conditionnées à des engagements de couverture, pourraient encourager les investissements dans la modernisation des réseaux.

En attendant que les autorités fassent un geste en direction du secteur, les MNO européens pourraient comme leurs homologues américains (Verizon, AT&T, T-Mobile) former des partenariats avec les géants du Cloud pour déployer l’Edge Computing. En plaçant des serveurs AWS ou Azure directement dans les centraux téléphoniques, le temps de latence est réduit et permet à ces opérateurs de mieux monétiser le développement de l’IA.

Une autre option serait de se positionner comme acteurs B2B de la cybersécurité, comme l’a récemment suggéré le CEO de Telefónica. Les MNO possèdent deux atouts uniques: une infrastructure critique et un volume de données de trafic colossal. En intégrant des modèles d’IA avancés (détection d’anomalies, prédiction de menaces) développés sur leurs réseaux, ils peuvent proposer des services de cybersécurité aux ministères de la Défense et aux grandes entreprises. Cela leur permettrait de transformer leur investissement réseau en revenus de services récurrents à marge élevée et devenir des partenaires stratégiques pour la sécurité nationale et industrielle.

Les télécoms restent des valeurs défensives et de qualité, qui devraient bénéficier d’un retour à des rendements sur capital investi plus sains grâce aux réductions de coûts, à la consolidation et aux services B2B spécifiques à l’IA. On les réduit souvent à de simples «tuyaux», mais la réalité est plus tranchée. La compétitivité de l’Europe en matière d’IA dépend en grande partie de la modernité de ses réseaux, de leur déploiement, mais aussi des opérateurs capables de monétiser leur rôle central.

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